Le joyau, c’est la rencontre de la matière et du temps. FaçoNné par les quatre éléments de la nature, terre, eau, air et feu, et forgé dans la dimension du monde tangible par l'esprit et le génie technique de l’homme, le joyau – loin d’être un élément purement ornemental – est un symbole magique et inaltérable de perfection. C’est le fragment de nature élaborée, un fragment de lumière, que l’homme porte sur lui ou bien en fait cadeau à des êtres qui lui sont chers. Cela explique l’émotion particulière que suscite infailliblement l’offre d’un joyau : c’est un acte de transmission d'une lumière absolue.  

Depuis l’aube du temps, l’espace géographique grec a vu naître et s’épanouir une des plus importantes traditions de joaillerie du monde antique, et cela parce que l’invention et la conception de bijoux sont inextricablement liées au phénomène même de la civilisation. Vingt-cinq siècles avant la construction du Parthénon, les habitants du littoral de la mer Égée inventaient déjà des formes affinées et travaillaient des matières nobles de façon à imprimer toute la substance de la nature et du cosmos sur des objets destinés à vivre éternellement. De même, ils inventaient des dieux fabricants, à l’image et à la ressemblance de leurs pratiques ancestrales, tel Héphaïstos, dieu de la forge et de la métallurgie, qui élabora, d’après Homère, le bouclier d’Achille, la cuirasse dorée d’Hercule et le diadème nuptial d’Ariane. Les bijoux en or martelé de l’époque mycénienne laissent stupéfaits les archéologues qui les remettent en lumière trois mille ans après leur fabrication, lorsque l’or merveilleusement ciselé d’Argos et de Tirynthe retrouve tout à coup son éclat comme s’il avait été travaillé la veille.  

Dans l’Athènes néoclassique de 1895, aux abords de l’Acropole, rue d’Éole, un jeune homme de vingt-et-un ans, fils de commerçants de la commune de Sperchiáda, en Grèce-Centrale, pose la première pierre de ce qui devait rapidement devenir la maison de joaillerie la plus historique du pays. Rentrant d’un brillant apprentissage dans les ateliers renommés de Paris, Efthymios Zolotas avait emporté une expérience en proportion de son talent et de son ambition. Son rêve : créer une nouvelle maison purement grecque qui puisse offrir un accueil et un service prestigieux au public athénien, en mettant à sa disposition des chefs-d’œuvre ne le cédant en rien sur ceux du reste de l’Europe. La maison ZOLOTAS séduit sur le champ la haute société d’Athènes, au goût raffiné, qui embrasse la première boutique historique de la rue d’Éole.

Ce succès immédiat est associé à la matérialisation d’un second projet : Efthymios Zolotas annexe à sa boutique les ateliers de confection dans lesquels il rassemble des artisans qualifiés et spécialisés. Complétant leur formation par le biais à sa propre expérience, il crée une véritable école d’apprentissage qui réalise bientôt les meilleures performances de l’époque, dans un style authentique particulier.  

En 1904 il passe les anneaux de mariage avec Konstantina Zolotas, une jeune femme érudite mais aussi très pieuse, qui en 1905 donnera le jour à leur fils unique Xénophon Zolotas, qui va poursuivre honorablement le rêve de son père.

Le désir de Konstantina Zolotas d’inculquer à son fils l’érudition et la sagesse vaincra celui d’Efthymios Zolotas qui souhaitait transmettre son art à ce fils unique adoré.  Agé d’à peine 24 ans, Xénophon Zolotas intègre sa première chaire à l’université de droit économique de Thessalonique. En dehors de son rôle central dans la vie économique et politique du pays, il gouverne la Banque de Grèce pendant plus de 25 ans et a accédé jusqu’à la fonction de Premier ministre en 1990.  Il est aussi un homme d’une culture rare, d’une connaissance profonde des Lettres grecques, porteur d’une haute vision pour l’hellénisme. 

Son érudition ne va pourtant pas effacer sa passion pour le bijou que son père lui avait inculquée, auquel il voue une profonde admiration partagée de respect.  Vers la fin des années cinquante,  Xénophon Zolotas décide d’y insuffler l’innovation géniale qui installe la marque ZOLOTAS auprès des grands labels français et américains. Pour lui, l’art de l’orfèvrerie doit se transformer en une mission de promotion mondiale de l’esprit grec. Il s’agit de s’inspirer directement du patrimoine culturel Grec et d’y allier une nouvelle technotropie, symbiose des techniques antiques et du savoir-faire authentique, enraciné dans les mains des artisans de la maison.

Avec sa femme, Kallirhoe (membre du gotha grec de New York), qui deviendra sa muse pour laquelle seront créés de fabuleux bijoux inédits, il parviendra à faire identifier la maison avec la splendeur de l’hellénisme, en contractant une collaboration exclusive avec les musées archéologiques de Grèce, au début des années 1960. Tous les modèles légendaires, depuis les lions de Mycènes et le soleil de Vergina, jusqu’aux habits byzantins ornés d’or des mosaïques de Ravenne, reprennent vie et sont portés par des personnalités remarquables dans les quatre coins du monde. Tout au long des années 1960, les fils d’or pur de la maison ZOLOTAS, tressés avec volupté, vont embrasser les poignets et les chevilles féminins, et les formes ailées de ses dessins transforment les femmes en de déesses modernes. La liste des personnalités de renom séduites par ses créations constitue l’empreinte esthétique même de l’époque : Aristote Onassis, le couple Kennedy, Romy Schneider, Elizabeth Taylor, Maria Callas…  

Au début des années 1970, la maison déjà renommée au niveau mondial s’installe également à Paris. De grands créateurs issus d’horizons artistiques différents s’inspirent de la philosophie de la nouvelle joaillerie grecque et se rassemblent autour de sa vision. 

• Ce nouveau courant suscite l’enthousiasme du monde des arts plastiques, et les créations de « bijoux magnétiques » singuliers du grand sculpteur grec Takis – aux perles qui changent de place selon la température du corps ! – ou encore les magnifiques « porte-bonheurs » gravés par le peintre de renom Alekos Fassianos, font date.  

• Une autre collaboration emblématique de cette période vient joindre aux collections de la maison les créations raffinées de Claude Lalanne. Le teint d’or est coulé sur les belles surfaces de feuilles de laurier, qui se transforment en longs colliers, accompagnent des ceintures et décorent des chaînes d'or massif pour la cheville. Le vieux laurier méditerranéen embrasse de nouveau le monde.

La dessinatrice émergente Paloma Picasso, fille du grand Pablo, crée une collection limitée de colliers et de bracelets exceptionnels en forme de pétales de marguerite, ainsi que des bracelets représentant les différentes phases de la lune. Les inspirations de la jeune créatrice se marient de façon idéale avec le savoir-faire traditionnel des maîtres joailliers, pour aboutir à des résultats sensationnels : il s'agit à la fois des créations de bijoux les plus formidables de Paloma Picasso, et de l'avènement d'une nouvelle ère pour la maison Zolotas.    

Néanmoins, la collaboration qui fut une véritable révolution pour les données de la joaillerie contemporaine, est sûrement celle avec le dessinateur new-yorkais Roland Mc Namer. À la fin des années 1970, Mc Namer – qui, peu de temps avant, dessinait pour la maison Tiffany’s – accepte la proposition de ZOLOTAS, l’invitant à être l’inspirateur essentiel de sa nouvelle collection. Il voyage en Grèce et est immédiatement séduit par les techniques traditionnelles des ateliers et l’esthétique unique des motifs grecs. Saisissant à la perfection la vision particulière de la maison, il en devient rapidement son plus fervent partisan. Mc Namer visite tous les jours les ateliers, les collections et les musées, il y enseigne et y apprend, pour devenir un dessinateur-artisan qui participe passionnément à tous les stades de la production du bijou. Il deviendra bientôt l’« âme » de la maison ZOLOTAS.

Plaçant le volume et la forme au centre de ses recherches, l’Américain invente des bijoux inspirés de l’architecture, basés sur les caractéristiques des trois principaux ordres de la Grèce antique : dorique, ionique et corinthien. Le méandre et la spirale retrouvent un fil de plasticité moderne adaptant leurs motifs antiques à de brillantes créations dans l’or 22 carats, souvent martelé.  

La passion de Roland Mc Namer pour le théâtre – à New York il fut l'un des plus grands dessinateurs  de costumes et de bijoux scéniques – canalise son intérêt inépuisable vers le drame grec antique. Les costumes qu’il dessine pour Irène Pappas dans le rôle shakespearien de Cléopâtre (mise en scène par Michalis Cacoyannis), accompagnent à merveille l’interprétation hiératique triomphale de la grande tragédienne  à l'Odéon d'Hérode Atticus, en 1979. 

Le XXIe siècle trouve la maison ZOLOTAS au seuil de nouveaux défis. La mondialisation apporte de nouvelles inspirations, et le bijou moderne présente des traits innovateurs. En réponse à ces défis, les artisans de ZOLOTAS créent des bijoux qui font évoluer leurs formes tout en restant fidèles à leur tradition particulière. De collections modernes, telle ENTASIS – comportant des bijoux inspirés de l’ordre architectural dorique fait dans l’or mat 18 carats, avec ou sans diamants –, continuent à incarner de façon parfaite une exigence technique et esthétique intemporelle.  

L’année 2009 marque, de manière dynamique, une évolution stylistique dans les collections de la maison, avec la collaboration de la sculptrice Nisa Chevènement. Les inspirations de micro-sculpture de la créatrice française constituent un abrégé de cette nouvelle époque. Les longues figures anthropomorphes de Nisa fusionnent dans une danse cyclique ou bien restent debout, telles les idoles cycladiques, formes hiératiques éternelles de la mer Égée. Cette collection limitée atteste la dimension anthropocentrique intemporelle de la civilisation grecque.     

Tout en conservant le caractère familial qui a fait son succès et en évoluant dans la continuité de sa tradition, Zolotas s’impose aux avant-postes d’un patrimoine multimillénaire.

Georges Papalexis est le nouveau directeur artistique qui rejoint la Maison en 2009, après avoir achevé à Paris son expertise de joailler, directement inspiré par le parcours du fondateur de la Maison.

Il connait la force stylistique de la marque, sa créativité frénétique et se donne la tâche de la réactualiser dans le respect de son identité unique. Il revisite les codes iconiques, privilégiant l’inspiration thématique aux ordres architecturaux. Le diamant s’impose dans se nouvelles collections aériennes, criblées, en or jaune, blanc, gris ou rose.